Tu veux du poulpe ?

Pendant toute la réunion avec les armateurs, on avait été interrompu par des membres d'équipage qui venaient montrer des instruments pas vraiment destinés à maintenir un navire en marche. Les premiers ressemblaient à des pics avec un poinçon au bout, puis au fur et à mesure des suggestions du chef-mécano et des améliorations demandées, il a finalement obtenu satisfaction avec un objet digne des pires tortures médiévales. Une sorte de cylindre avec une bonne quinzaine d'hameçons disposés en rond. Je me suis vraiment demandé ce qu'on pouvait bien pêcher avec ça. Alors à la fin de la réunion, j'ai posé la question :

"- Qué cosa questo ?" (J'apprend l'italien avec les pubs)
- C'est pour la pêche au poulpe
- Ah !
- Demain dès qu'on arrive en Turquie, on va pêcher du poulpe
- Où ça ?
- Sur le quai, pas besoin d'aller loin, ça regorge des poulpes. Paraît que les musulmans n'en mangent pas.
- Vraiment ? (Ça m'étonnerais beaucoup, à moins que le poulpe soit le Khalouf de la mer)
- Si tu veux venir, pas de problème. Demain matin, 07H30 sur le quai."

Voilà comment, je me retrouve un matin avec mes clients et mon chef sur un quai en Turquie à pêcher du poulpe. On appâte avec de la tripaille de poisson et on plonge l'instrument de mort pour invertébrés marin dans l'eau. Et on attend, on attend. Ils me disent que normalement, ils en prennent une quinzaine, mais là, rien. Nous devons leur porter la poisse. Mais finalement, ça mord. L'honneur est sauf. Un seul poulpe, mais un beau.

La journée se poursuit, on continue nos réunions et vers 17H00, on  nous amène ça !

Ils l'avaient fait cuisiner spécialement pour nous. Ils ont ouvert une bonne bouteille de vin sicilien et après l'avoir découpé, nous ont fait des sandwiches au poulpe. J'étais un peu réticent, car la dernière fois que j'en avais mangé, j'avais eu l'impression de mastiquer un pneu, mais sous la pression et par conscience professionelle (qu'est ce qu'il ne faut pas entendre !), j'ai goûté et je dois avouer que c'était vraiment bon.