Turkish delights
Je suis à Constantinople. Oui, je sais, on dit Istanbul depuis 1930, mais le nom Constantinople a bercé toute mon enfance tout comme, Constanţa, Odessa, Santa Cruz, Haïti, Fort-de-France etc....
Tous ces noms évoquent mon grand-père Joseph-Joachim qui a passé quasiment toute la première moitié du siècle dernier sur toutes les mers du monde. Il faut que je vous dise que bien que mon grand-père soit né en 1899, je l'ai très bien connu car il a vécu 94 ans et que c'est lui qui me gardait le mercredi quand j'étais petit. J'ai donc pu apprécier ses récits de voyages. A cet âge, j'avais beaucoup de mal à m'imaginer à quoi tout cela pouvait bien ressembler, mais j'adorais ça. C'est probablement en grande partie de là que me vient ce goût des voyages.
Et s'il y a bien un endroit qu'il a beaucoup aimé, c'est sûrement Constantinople et sa mosquée Sainte-Sophie. Il était intarissable sur cette ville. Je ne sais pas combien de fois il y est passé, je sais seulement qu'il était à Odessa en Ukraine en 1919 et qu'il a passé l'hiver à Constanţa en Roumanie en 1923 (où il a mangé du chat, anecdote qu'il adorait répéter à qui voulait bien l'entendre). Il a donc beaucoup navigué sur la Mer Noire entre 1918 et 1925 et passait obligatoirement par là.
J'imagine que c'est la rencontre avec l'Orient qui l'a fasciné à ce point. Au début des années 20, la capitale de l'Empire Ottoman devait ressembler à une autre planète pour un marin français.
C'est pourquoi cette ville restera pour toujours un endroit mythique, lié à mon enfance et à mon grand-père.